Le Jeu de Paume a vécu un grand moment jeudi soir lors des quarts de finale du Batch Open, en assistant au come-back époustouflant de Macéo Lévy (n°159 mondial) face à Edwin Clain (n°95).
S’il s’était déroulé sur un tournoi Platinum, ce match serait assurément nominé pour le « Match of the Year Award » de la PSA, et son scénario a été tellement exceptionnel que les autres protagonistes de la soirée nous pardonneront sans doute de mettre l’accent sur ce quart de finale. Les spectateurs – massés dans les gradins cossus du Jeu de Paume – en sont ressortis chamboulés par les émotions, tout particulièrement celles ressenties lors d’un épilogue tout simplement Hitchcockien.
La première partie a été dominée par le mieux classé des deux, avant que le joueur du Squash Royan Atlantique ne parvienne à rétablir l’équilibre. Macéo Lévy a prolongé cette dynamique au début d’une cinquième manche disputée sur une cadence infernale. À 10-6 en sa faveur, on pense que l’affaire est entendue mais Edwin refuse de céder alors que Macéo – trop pressé d’en finir – commet quelques fautes préjudiciables. Il parvient néanmoins à se procurer une cinquième balle de match, à 11-10, et c’est alors qu’une scène rarissime à ce niveau va se produire : l’arbitre Nicolas Barbeau annonce une balle doublée d’Edwin, qui semble-t-il ne l’était pas. Devant les contestations sincères de son adversaire, Macéo accepte avec un immense fair-play de rejouer le point, alors que l’écran l’indique comme le vainqueur … Quelques secondes plus tard, il se retrouve avec une balle de match contre lui, qu’il parvient à sauver d’une belle attaque de coup droit. Il va finalement convertir sa neuvième opportunité (17-15), après 76 minutes d’un combat dantesque, qui sera certainement une étape importante dans sa jeune carrière. Après l’avoir laissé partager sa joie avec les autres joueurs français (qui ont vibré comme des dingues pendant ce match irrationnel), on a recueilli ses impressions :
MACÉO LÉVY 
« Je crois que je ne réalise pas encore ce qui vient de se passer. Je n’ai sans doute jamais joué à ce niveau, même si en termes de sensations sur le court j’avais ressenti des choses similaires lors de mon match contre Benjamin Aubert en février (NDLR : dans le match pour la 5ème place au championnat de France Élite, Macéo s’était incliné 17-15, 13-11, 11-9 face à l’ancien numéro 50 mondial). Jouer sur une cadence aussi effrénée, ce n’était pas forcément ma stratégie au départ, néanmoins au fil du match je me suis rendu compte que je ne fatiguais pas du tout et je pouvais tenir ce rythme sur la durée – alors qu’Edwin, on le sait, était un peu éprouvé par le tournoi qualificatif pour le championnat du monde. Bien sûr, il y a du travail physique derrière tout ça, mais tous les joueurs en font. Je crois surtout qu’aujourd’hui c’est l’adrénaline qui m’a porté en fin de match, sans oublier le fait que les conditions conviennent parfaitement à mon jeu, j’avais l’impression de m’amuser avec le court (sic) ! Concernant l’épisode de la balle annoncée doublée, est-ce que je l’aurais regrettée si j’avais perdu, on ne le saura jamais … Ça s’est passé très vite, et même si j’ai hésité une fraction de seconde c’était en fait très simple dans ma tête : je ne voulais pas gagner de cette manière, surtout contre Edwin qui est un joueur fair-play et que j’apprécie. Et pour être tout à fait honnête, j’ai attendu quelques secondes volontairement, afin qu’il puisse gamberger un peu (rires) … Finalement, tout s’est bien terminé pour moi.
« Comme je te disais après ma victoire au premier tour face à Melvil, je crois tout simplement que j’ai mûri et que je suis maintenant aguerri au circuit international. Il n’y a pas vraiment eu de déclic, c’est une évolution progressive, même si le match contre Benjamin dont je parlais auparavant a été une étape importante dans ma tête. En junior, j’avais un jeu basé avant tout sur l’attaque qui fonctionnait plutôt bien. J’étais obligé de le faire évoluer si je voulais avoir une chance en PSA, et je suis en train d’y parvenir. Concernant la demi-finale, je ne connais pas trop mes adversaires potentiels (NDLR : le quart entre les Tchèques Jakub Solnicky et Daniel Mekbib se déroulait pendant l’entretien), je vais aller jeter un coup d’œil au match. Même si je te disais que je ne me sentais pas fatigué, heureusement qu’il y a une journée complète de récupération, ce serait impossible de faire deux matches comme ça dans une journée tant la débauche d’énergie physique et mentale a été importante. »
LE CHIFFRE – 9, comme le nombre de balles de match dont Macéo Lévy aura eu besoin pour s’offrir la première perf de sa carrière face un joueur du top 100 mondial.
LA PHRASE – Edwin Clain : « C’est assez incroyable ce qu’a fait Macéo en acceptant de rejouer le point à 11-10 dans le cinquième jeu, je ne suis pas certain qu’il y a un autre joueur sur le circuit qui aurait fait la même chose à sa place … »
La demi-finale entre Macéo Lévy et Jakub Solnicky est programmée à 20 heures, à suivre sur place ou en streaming sur la chaîne YouTube du club.
